Chaque année, le 1er avril, certains boxs CrossFit rivalisent d'imagination pour concocter des WODs aussi absurdes qu'exigeants. Si l'idée d'un entraînement loufoque peut prêter à sourire, les athlètes qui s'y frottent découvrent vite que la blague est souvent cruelle. Certains WODs, conçus comme des défis extrêmes, se sont imposés dans l’histoire du CrossFit, transformant une simple plaisanterie en véritable épreuve mentale et physique. Voici un tour d’horizon de quatre WODs d’exception qui ont marqué les esprits.

Un kettlebell ludique avec des yeux globuleux et un sourire absurde.
© WodBall

Throwing Grace : la version catapulte de grace

On connaît tous "Grace", l’un des benchmarks les plus classiques du CrossFit : 30 clean and jerks pour le temps. Mais en 2008, un esprit un peu trop créatif a décidé de revisiter cette référence avec "Throwing Grace", un WOD qui mêle haltérophilie et physique balistique. L'objectif ? Avancer une barre de 61 kg (43 kg pour les femmes) sur 100 mètres en la projetant après chaque clean.

Ceux qui l'ont testé savent que cette idée farfelue est un piège. D'abord, le clean reste exigeant sur la durée. Ensuite, le lancer ajoute une dimension imprévisible : la trajectoire de la barre, la réception, l’usure progressive de la prise… Autant de variables qui transforment un simple sprint en une odyssée de souffrance et de frustration. Conçu initialement par San Francisco CrossFit et popularisé sur YouTube, ce WOD illustre bien l’esprit des débuts du CrossFit : une expérimentation permanente, parfois pour le meilleur, souvent pour le pire.

080923 : une réinterprétation punitive du shovel

Parmi les reliques oubliées du CrossFit, il y a le "Virtual Shovel". Imaginez un athlète en train de creuser un trou avec une barre olympique lestée d’un seul disque. L’idée semblait déjà peu convaincante à l'époque, mais elle a survécu suffisamment longtemps pour donner naissance à "080923".

Ce WOD enchaîne 30, 25, 20, 15, 10 et 5 répétitions de pompes et de Virtual Shovel, avec une barre équipée d'un disque de 20 kg (11 kg pour les femmes). Chaque répétition consiste à faire passer le disque d’un côté à l’autre d’un obstacle de 61 cm. La fatigue s’accumule vite et le mouvement, bien que simple en apparence, devient une lutte contre l’instabilité et la lassitude musculaire.

Un WOD qui rappelle que l’expérimentation ne mène pas toujours à des classiques intemporels. L’exercice a disparu des programmations modernes, mais reste une belle démonstration de l'ingéniosité (ou de la cruauté) des programmateurs de WODs.

Griff : un hommage en marche arrière

Tous les WODs du 1er avril ne sont pas des blagues. "Griff" est un Hero WOD, en mémoire de Travis L. Griffin, membre de l’USAF tué en service en 2008. Son format est déroutant :

  • 800 m de course
  • 400 m de course arrière
  • 800 m de course
  • 400 m de course arrière

La course arrière est l’élément clé de cette épreuve. Peu de WODs intègrent ce type de mouvement, et pour cause : c’est un enfer biomécanique. Les ischio-jambiers brûlent, la coordination est mise à rude épreuve et le risque de chute est bien réel. Pourtant, "Griff" est un WOD qui force l’adaptation et offre un challenge unique, entre cardio, proprioception et engagement mental.

Pyrrhic Victory : un cauchemar de cinq heures

Si vous pensez qu’un WOD de poisson d’avril doit être léger et amusant, les athlètes de Molon Labe CrossFit (Ohio) vont vous prouver le contraire. Leur tradition du 1er avril a commencé en 2014 avec un WOD aussi simple qu’impitoyable : 500 burpees pour le temps. Depuis, ils repoussent chaque année les limites de l'absurde, et en 2017, ils ont accouché de "Pyrrhic Victory" :

Every 60 minutes, on the hour, for 5 heures

  • 2 miles de course
  • 20 bench presses (au poids de corps)
  • 20 front squats (au poids de corps)
  • 20 rope climbs (4,5 m)

Derrière l’intitulé ironique du WOD, la réalité est brutale. Au début, les deux premières heures ressemblent à un test de fitness avancé. Mais très vite, la dégradation physique s'installe : les temps de repos diminuent, chaque mouvement devient un combat. Le mental prend le relais bien avant que la force musculaire ne lâche.

Le plus impressionnant ? Ce WOD n'est pas une blague. Sept athlètes l’ont réellement terminé. C’est la preuve que, pour certains, la ligne entre l’absurde et l’exploit est parfois très fine.

Une barre chargée avec de poules en plastique
© WodBall

Conclusion : poisson d'avril ou test ultime ?

Derrière ces WODs aux allures de plaisanterie, une constante demeure : ils exposent les limites physiques et mentales de ceux qui s’y confrontent. Certains sont des reliques oubliées, d’autres ont marqué l’histoire du CrossFit, mais tous rappellent une vérité essentielle : dans ce sport, ce qui paraît insensé devient parfois une nouvelle norme. Le 1er avril est l’occasion de repousser les frontières de l’acceptable, et visiblement, il y aura toujours des athlètes pour relever ces défis. La question est : serez-vous l’un d’eux ?

Peter Van Gorp - Passionné de l'entraînement fonctionnel

Peter est un passionné de l'entraînement fonctionnel et spécialiste développement Web. Originaire de Belgique et situé dans le nord de la France, il allie sa détermination sportive à son expertise web.